Le Monde


Les nouveaux hors-la-loi de la country


(...) Palace [met] à nu les secrets du genre qui, comme le blues, peut donner consistance au plus noir des spleens.



Loin des usines de Nashville et des shérifs au sourire nickel, il existe encore de vrais rebelles. (...) Une nouvelle génération d'artistes américains a compris que l'héritage country recelait autre chose que le strass des cow-boys de pacotille. Comme le blues, cette musique de la terre et des hommes peut donner consistance au plus noir des spleens. Des groupes comme The Geraldine Fibbers, Tarnation ou Palace y puisent ainsi des chansons déchirées.

(...) Palace, connu jusqu'à présent sous le nom de Palace Brothers, peut être considéré comme le groupe initiateur de la redécouverte des allées les plus sombres de la country. Le cheval, le stetson et les santiags n'ont jamais fait partie de leur panoplie. C'est pieds nus et en haillons que Will Oldham emprunte les routes pierreuses du grand Sud. Produit par Steve Albini, habituellement spéciaiste du rock le plus violent, Viva last blues désarme par sa simplicité. Ses chansons sèches et desaxées vibrent d'une miraculeuse fragilité, au point d'entendre parfois le chant dérailler sous l'émotion. Ou trébucher dans des crevasses ouvertes sur la prairie.

Stéphane Davet

PALACE Viva last blues (Domino/PIAS)


Le Monde
14 octobre 1995