La revue pop-moderne


Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


Master and everyone


Enième incarnation de Will Oldham, Bonnie 'Prince' Billy n'est-elle finalement pas son identité pseudonymique la plus fiable ? Car en dépit de sa barbe talibane de plus en plus florissante, type vengeur masqué du Kentucky ou rejeton de Charles Manson, le 'Prince', blond comme le Petit, livre ici son deuxième chef-d'oeuvre depuis 1999 (I see a darkness), sans compter un Ease down the road qui s'est bonifié avec le temps et deux EP's de haute volée. Oeuvre à rapprocher du second Palace Brothers dans la discographie dédaléenne du maître ès "melancountry", Master and everyone privilégie en effet le dénuement acoustique aux arrangements harmoniques. Ces dix chansons sont autant de confidences jouées et interprétées avec une justesse, une sobriété et une ferveur incomparables. On y entend parfois la frêle voix de Marty Slayton, qui n'est pas sans rappeler les accents voilés de la regrettée Sandy Denny. Produit par le guitariste Mark Nevers et illuminé par le piano de Tony Crow, deux éminents membres de la grande famille Lambchop, Master and everyone se joue hors du temps, des modes et même du monde. Dans cette bulle que rien ni personne se semble pouvoir atteindre, l'auditeur y trouve un espace salutaire et immaculé. Ataraxie garantie.

Franck Vergeade

BONNIE 'PRINCE' BILLY Master and everyone (Domino/Pias)


La revue pop-moderne Magic
numéro 68
février 2003
page 84