La revue pop-moderne


Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


Lost blues and other songs


Rangez vos 45 tours rongés jusqu'à l'os : de Ohio river boat song jusqu'à Little blue eyes, cette compilation refait l'historique de la maison Palace en empruntant le chemin sinueux des singles sortis par Will Oldham sous les diverses variations du nom de son groupe — Palace Brothers, Palace Music, etc.... En y regardant de près, la fan de base qui se ruine la santé en accumulant le moindre bout de gras du "groupe", n'aura pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent, si ce n'est le plaisir d'entendre tel ou tel morceau qu'il avait raté ou de découvrir l'un de ses morceaux préférés dans une version rafraîchie, voire différente. A n'en pas douter, West palm beach et Gulf shores forment sans trop d'efforts la plus belle paire de chansons composée de ce côté-ci des années 90. Paroles magistrales et décalées, musique limpide : Neil Young, Lou Reed et tous les autres songwriters dits légitimes devraient s'inscrire d'urgence au cours du soir de Will Oldham. A l'écoute de ces blues perdus, on se surprend à redécouvrir avec une joie peu simulée ou dissimulée l'univers totalement irrévérancieux de Palace : ces amours incestueuses, équestres, nécrophiles ou adultères nous font replonger dans des histoires familières que l'on pensait oubliées mais qui, inévitablement, comme une drogue, ressurgissent et, narquoises, s'imposent. Un album pour tous, fans et incultes unis : on n'entendra rien d'aussi joliment autiste et touchant avant longtemps.

Joseph Ghosn

PALACE MUSIC Lost blues and other songs (Domino/PIAS)


La revue pop-moderne Magic
numéro 13
mars 1997
page 80