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Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


Days in the wake et Hope


La première fois qu'on a entendu une chanson des Palace Brothers, c'était comme si un vieux copain un peu effacé nous avait avoué avoir passé les dix premières années de sa vie au fond d'un placard ou attaché à un radiateur. Nous connaissions cette musique — de la country d'amateurs enregistrée sur un grille-pain — mais nous découvrions l'effroi qu'elle pouvait encore susciter. Péril en la demeure. Les Palace Brothers : plaie sanglante et réouverte sur un corps qu'on croyait exsangue. Une herbe folle qui s'entête à pousser entre les dalles du caveau. Cauchemar d'un cowboy qui verrait son troupeau se jeter du haut d'une falaise.


Photo : inconnu

Certains disent que les Palace Brothers de Will Oldham sont tristes et vieux. Faux. Les Palace Brothers sont beaux, purs, protégés des tares de l'époque. Ils transforment la détresse la plus noire en compagnon de route acceptable. Comme 1993, 1994 fut l'année des Palace Brothers : d'un concert français où l'on a cru voir Roy Orbison accompagné par Creedence Clearwater Revival ; de Will Oldham, jeune homme diaphane et insaisissable ; d'un deuxième album qui parlait à mots voilés de foi et du grand Meaulnes ; d'un troisième — six titres joués en groupe —, arrivé in extremis pour boucler l'année.

Stéphane Deschamps


Toute l'actualité culturelle : musique, cinéma, livres, etc. Toute l'actualité culturelle : musique, cinéma, livres, etc. Les Inrockuptibles
numéro 62
hiver 1995
supplément bilan 94
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