Rock & folk


Ease down the road


Après s'être fait récemment remarquer en sortant coup sur coup deux EP brillamment décalés (All most heaven et Get on jolly) et au moment où il semble enfin accéder à un début de consécration via la somptueuse reprise de I see a darkness par Johnny Cash, Will Oldham choisit de revenir en douceur avec ce Ease down the road, deuxième album proposé sous pseudo cow-boy queue de race de Bonnie Prince Billy. Mais, si le mémorable I see a darkness impresionnait d'emblée par sa noirceur intense et parfaitement maîtrisée, il n'en est pas tout à fait de même avec ce nouveau disque nécessite plusieurs écoutes pour révéler ses vraies richesses. En effet, si l'on excepte le splendide Just to see my holly home qui sonne instantanément comme un classique country, soulignant une fois de plus que Will Oldham est bien le digne descendant des plus grands héros du genre, le reste des chansons donne souvent l'impression de se dérober dans les sonorités chaleureuses d'une production semble-t-il plus soignée qu'à l'accoutumée. Pourtant, de belles réussites comme Break of day ou le superbe Sheep ne tardent pas à émerger, pour peu que l'oreille ait fini de se familiariser avec le chant volontairement rentré de Will Oldham. Il n'empêche que, malgré le bref rugissement de guitare sur May it always be ou l'inattendu synthé de Rich wife full of happiness, Will Oldham apparaît ici (de Mrs William à l'entêtant Grand dark feeling of emptiness) de plus en plus cramponné à une country pur jus qu'il s'acharne à réinventer. Assez convaincant tout de même.

Cédric Rassat




Rock & folk Rock & Folk
numéro 405
mai 2001
page 89