La revue pop-moderne


Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


Ease down the road


Après les sombres et magnifiques élucubrations de I see a darkness, Will Oldham continue, à son rythme tranquille, son bonhomme de chemin le long des routes tortueuses d'une country folk inclassable. Ease down the road n'a rien de surprenant à première vue, une impression qui se mue assez vite en un sentiment d'évidence, de familiarité. On irait presque jusqu'à se sentir coupable de ne pas avoir pris du premier coup cette simplicité d'écriture et d'interprétation pour ce qu'elle est : du talent pur. Dans le plus simple appareil, les chansons d'Oldham, qu'elles soient prière (Careless love et son orgue mystique), complainte morbide (Lion lair, entre autres) ou ballade apaisée (After I made love to you) ont en commun d'être incroyablement humaines, à l'image de sa voix chevrotante et dénuée de tout apparat. Du reste, malgré ses airs de chien battu, il ne faudrait pas prendre ce petit prince, qui chante pince-sans-rire My finger's in your behind, pour un triste sire. Les musiciens qui l'accompagnent, encore différents de ceux de I see a darkness, brillent par leur justesse et leur discrétion (à noter la micro-intervention du réalisateur déjanté Harmony Korine : plus on est de fous, plus on crie). Bref, une fois encore, le frêle troubadour, à l'instar de Neil Young ou Mark Linkous, ferait aimer la country à n'importe qui.

Gilles Duhem

BONNIE 'PRINCE' BILLY Ease down the road (Domino/Labels)


La revue pop-moderne Magic
numéro 49
mars 2001
page 100