Vibrations : le mensuel jazz, soul & world


Ease down the road


Enregistré à la maison, produit et joué entre amis et en famille, ce huitième album de Will Oldham, le deuxième sous le nom de Bonnie Prince Billy, ne déroge pas à la règle du do-it-yourself country folk érigé en manière de vivre. Moins sombre que les disques précédents, il se dégage de cet album une sérénité nouvelle, comme une fin d'après-midi ensoleillée sur la campagne du Kentucky. Le chant est plus posé qu'à l'accoutumée, en version gospel sur un Careless love quasi a capella, ou folk rock de haute volée sur Break of day et ses choeurs sompteux. Fidèles musiciens, Ned Oldham, David Pajo et Matt Sweeney secondent le prince du Kentucky à merveille, donnant une homogénéité remarquable à l'ensemble. Les douze morceaux sont ainsi taillés dans une essence rare, celle que l'on réserve aux dignitaires de premier rang, dont Will Oldham fait assurément partie, ayant réinventé le folk américain à lui tout seul lors de la décennie précédente. La voix féminine sur After I made love to you, le banjo de Rich wife full of happiness, que l'on imagine dédiée à la femme de son frère, ne font qu'enjoliver des chansons déjà magnifiques dans leur plus simple appareil. En roue libre, Will Oldham reste le génie impassible de la musique américaine contemporaine.

Florent Mazzoleni

BONNIE 'PRINCE' BILLY Ease down the road (Domino/Labels)


Vibrations : le mensuel jazz, soul & world Vibrations
numéro 32
mars 2001
pages 66 et 69