La revue pop-moderne


Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


I see a darkness


On se revoit à la première écoute de Joya, précédent album de Will Oldham, marmonnant, ronchonnant, frustré. On se revoit, ne serait-ce que quinze jours après cette première écoute : accros comme à l'accoutumée, "malgré-nous" de cette saloperie de dernier blues, pris au piège mais content. La lassitude n'en demeurait pas moins prête à prendre le pas sur la démarche de fan. Pour preuve, le non-achat (à tort ou à raison) d'un Black / rich music confidentiel. Avec I see a darkness, Will Oldham s'invente un énième nom de code, mais arrive surtout à se réinventer entièrement et excellement en Bonnie 'Prince' Billy. Et c'est là le même gisement d'horreurs et de merveilles que les débuts de ce type ont provoqué. Tous les initiés le savent : la meilleure chanson de Will Oldham est Ohio river boat song. Pas mieux depuis, en dépit de non-efforts admirables. Figurez-vous que les trois premiers titres de I see a darkness sont trois Ohio river boat song. Et le reste à l'avenant. Quoique parfois teinté de... dub (Death to everyone) ou, plus souvent, influencé par les gigues tristes des Flying Burnito Brothers de Gram Parsons, cet album, miraculeusement, produit le même électrochoc que There is no-one what will take care of you en 1993. C'est dire.

Etienne Greib

BONNIE 'PRINCE' BILLY I see a darkness (Domino/Labels)


La revue pop-moderne Magic
numéro 26
janvier 1999
page 72