Millefeuille


Un grand merci à Jean-Paul pour la mise en page de cet article.


Arise therefore


La discographie de Will Oldham a beau être aussi riche que variée, il ne fait aucun doute qu'Arise therefore en est l'une des pièces les plus fascinantes. Que ce disque ne porte pas le nom de son géniteur (ou aucun autre pseudo) fait qu'on peut le ranger au "O" d'Oldham ou au "P" de Palace, mais il ne ressemble en rien au reste de l'oeuvre du barbu déguingandé. Les premières notes de Stablemate suffisent à planter le décor : Oldham a exporté son folk sur la banquise où il trinque avec les pingouins avant de l'enterrer. Mieux vaut écouter ce disque chaudement habillé tant l'atmosphère est glaciale. La boite à rythmes qui remplace la traditionnelle batterie donne un cachet nouveau aux morceaux où seuls la guitare d'Oldham et le piano de David Grubbs semblent parvenir à émerger. Sans oublier, bien sûr, les terribles paroles qui "égayent" l'ensemble. Mais comme on le dit si bien, cet iceberg a une partie immergée, car quiconque aura le courage de se mouiller dans ses eaux troubles et glacées y trouvera une fois de plus son compte. Du bancalement héroïque The sun highlights the lack in each au "groove" sautillant sur place d'Arise therefore, Oldham donne l'impression de livrer des squelettes de chansons qu'il aurait oublié d'habiller pour l'hiver. Il va sans dire que la production de Steve Albini abonde dans ce sens. Si Arise therefore s'achève par le formidable Weaker soldier, presque optimiste (on a bien dit presque), il apparaît clairement que cet Arise therefore est une transition déconcertante dans la carrière d'Oldham sans pour autant échapper à une certaine grandeur d'écriture (nommer une chanson You have cum in your hair & your dick is hanging out, faut en avoir des bollocks !) qui se cache sous des abords peu affriolants. On se demanderait presque pourquoi les chercheurs d'or ne creusent jamais sous la glace.

Eric F. le 27 octobre 2004

PALACE MUSIC Arise therefore (Domino/Pias)


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