La revue pop-moderne


Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


Arise therefore


S'il n'y en avait qu'un seul à défendre, ce serait lui : Will Oldham qui, depuis deux/trois ans, nous assène des claques répétitives. Son nouvel album, prévu comme le plus "expérimental" et tournant autour de ses tribulations annoncées avec une boîte à rythmes, ne contredit pas la tradition. Que les fans — et pour une fois ils sont nombreux — se rassurent : Arise therefore, qui s'éloigne quelque peu du son de Viva last blues et de ses tentatives rock enlevées style New partner, est plutôt proche de son de Palace brothers, l'album quasi-solo de Will Oldham. L'impression générale est, ici, semblable à celle ressentie lors de l'écoute des compositions les plus intimistes de Palace : désillusion ironique et décalée, risques de dérapages tous quasi-permanents... La différence se fait sentir dans l'exploration de thématiques clairement orientées vers des avatars sexuels avoués et, pourtant, les morceaux de Palace ne tournent pas au Sea, sex and sun de pacotille. Au contraire, dès lors qu'il s'agit de sexe, Palace s'obstine à décrire une absence et un manque, soulignés d'ailleurs par la présence d'une machine rythmant invariablement la solitude du chanteur. Les rares effusions ou convulsions, comme sur The sun highlights the lack in each, servent surtout à rappeler un certain désespoir devant le vide relationnel décrit avec une ferveur quasi-spirituelle : ce groupe n'est rien moins qu'une religion. Vivement la prochaine messe...

Joseph Ghosn

PALACE Arise therefore (Domino/Pias)


La revue pop-moderne Magic
numéro 8
mai / juin 1996
page 66