La revue pop-moderne


Un grand merci à Jean-Paul pour le scan de cet article.


Amalgamated sons of rest


Sur le papier, c'est presque trop beau pour être vrai, la notion de super-groupe nous ramenant vers des temps reculés que le punk avait su mettre entre parenthèses. Réunir sur un même disque Will Oldham, Jason Molina, le leader de Songs:Ohia, et Ali Roberts, le baladin écossais d'Appendix Out, ressemble plus à un rêve éveillé qu'à un amas de dinosaures séniles. Leur union, tellement évidente que l'on s'étonne qu'elle se concrétise si tardivement et de manière si confidentielle, nous offre le plus beau disque de folk ascétique paru depuis... Des lustres, au moins.

Une véritable osmose musicale s'est créée, qui dégénère par miracle à l'amour fou, phénomène rare mais écoutable ici. Personne dans cette assemblée de songwriters sans égo n'a tenté de tirer la couverture à soi. Le lyrisme résigné de Will Oldham, le chant possédé de Jason Molina et les tableaux médiévaux d'Ali Roberts se confondent sous nos yeux ébahis et l'on songe à deux super-groupes qu'ils rejoignent haut la main à notre panthéon Pentangle et Crosby, Stills, Nash & Young. Lorsque sur My donal, morceau tellement pur qu'il en devient ambient, une deuxième voix vient se joindre (à la tierce) à la première, vous pouvez brûler un cierge. Et il y en a six autres à aller chercher.

Étienne Greib

Amalgamated sons of rest (Galaxia/import)


La revue pop-moderne Magic
numéro 66
novembre/décembre 2002
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